Depuis le lancement de ce podcast, je n’ai jamais autant eu cette impression : les enfants semblent déranger notre société par leur présence, leur comportement, et ce sentiment m’interpelle de plus en plus. Pourquoi ?
Je ne sais pas si le fait de libérer la parole autour de la parentalité y fait quelque chose. Je ne sais pas si l’essence même de ce podcast pourrait déranger finalement : pourquoi encore nous parler de bébé, de maternité et de parentalité ?
Est-ce que ce podcast a incité ceux qui ne supportent pas les enfants à me le faire savoir ? J’ai en tout cas de plus en plus l’impression que nos enfants posent problème à la société. Je vois des restaurants qui interdisent les enfants, des hôtels adults only se développer de plus en plus et même un nouveau phénomène qui cartonne, celui des Dinks, pour double income no kids, soit des couples qui se félicitent de ne pas avoir d’enfants pour pouvoir profiter de la vie comme bon leur semble et qui en font la promo sur les réseaux sociaux.
Si cela est par choix, je n’ai évidemment rien contre, chaque personne choisit de mener la vie qu’il entend. Chaque personne a sa trajectoire de vie et avoir des enfants n’est pas une finalité en soi. C’est un choix qui se réfléchit, et c’est parfois en dépit de certains rêves ou projets, car oui, il faut le dire, avoir des enfants demande aussi parfois de faire des sacrifices.
Mais au-delà de ça, arrêtons de les diaboliser pour autant ! J’ai parfois l’impression de devoir justifier mon choix d’avoir fait des enfants et d’aimer ça surtout. Pourquoi m’infliger des réveils nocturnes et des réveils à l’aube, alors que sans enfants, j’aurais pu connaître la joie des grasses matinées toute ma vie? Pourquoi dépenser autant d’argent dans une crèche alors que cet argent aurait pu me servir à faire un beau voyage ? Pourquoi s’infliger de lire des histoires de pirates et de super héros le vendredi soir au lieu de me mettre la tête à l’envers, comme au bon vieux temps ? Et puis, surtout, pourquoi avoir fait des enfants si « jeune » alors que j’ai “toute la vie pour ça”.
Forcément, ce ne sont pas des phrases que j’entends réellement. Car personne n’avouera jamais ne pas supporter les enfants, pourtant la société ne semble pas les vouloir. La raison ? Parce que les enfants, ça fait du bruit. Parce qu’un enfant, ça ne se repose pas quand on est fatigué. Parce que les enfants, ça ne respecte pas les codes, tout simplement. On attend de nos enfants qu’ils soient sages, qu’ils soient polis, qu’ils ne courent pas partout, qu’ils restent assis à table. Mais les enfants sont plein de vie. Les enfants ont besoin de bouger, de crier, de chanter, de gigoter. Ils ne tiennent pas en place. C’est un fait. Et oui, peut-être que vous ne saurez jamais terminé une conversation sans être interrompu, peut-être que vous ne connaîtrez plus le mot sieste, peut-être que parfois vous allez pleurer de fatigue, peut être que vous en aurez marre de ranger des jouets qui ne vont pas dans votre déco, mais malgré toutes les galères que l’on connaît quand on devient parents, dieu sait tout l’amour qu’ils nous donnent.
Leur sourire, leur fou rire, leurs bêtises valent tout l’or du monde. Alors oui, c’est éreintant parfois. Parfois vous aimeriez vraiment qu’ils soient plus calmes et à la fois, quel bonheur que de les voir heureux et se défouler. Finalement, ce qui m’attriste surtout, ce n’est pas tant que les enfants dérangent. Je comprends vraiment que ce soit désagréable d’être perturbé dans le déroulement de son emploi du temps bien rôdé, quand un bambin, qui n’est pas le vôtre, qui plus est, se met à hurler, brailler, pleurer ou bouger dans tous les sens à côté de vous, dans le train, dans un bus, au supermarché. je comprends que vous n’ayez pas envie de vous retrouver à côté d’une famille au restaurant quand vous vous êtes arrangés pour faire garder les vôtres à la maison pour passer une soirée au calme. Surtout si vous n’avez pas la chance d’avoir de la famille proche pour garder votre progéniture et que cette soirée vous coûte un bras en baby-sitt.
Je comprends tout ça, après tout, chacun a son degré de tolérance, de patience et il faudrait changer la société toute entière pour y échapper. Mais ne pourrait-on pas simplement se réjouir de nos enfants ? Ne devrions-nous pas simplement s’en inspirer pour mieux appréhender la vie. Les enfants nous rappellent ce que c’est que d’être émerveillé pour un oui, pour un non. Les enfants sont résilients quand nous peinons à accepter une situation et les enfants croquent la vie à pleine dents quand on oublie trop souvent d’en profiter, les enfants s’en moquent des cases quand nous faisons tout pour y entrer.
La pédopsychiatre Laelia Benoît parle d’infantisme, soit le fait de dénigrer les enfants du haut de notre statut d’adulte. A-t-on tous oublié qu’avant d’être des adultes, nous étions nous mêmes ces enfants plein d’insouciance et de malices ? Je n’ai aucune prétention avec ce post si ce n’est de dire que non, ce n’est pas un fléau d’avoir des enfants. J’ai 32 ans, j’ai l’impression d’en avoir 60 en disant ça, car oui, aujourd’hui, j’ai de plus en plus l’impression que la nouvelle génération ne veut plus d’enfant. Pas en raison de l’absence d’un désir de materner ou paterner, pas pour des raisons de santé, de fertilité, ou encore pour des raisons éthiques (car là encore, je le rappelle, je ne peux que comprendre), mais plutôt pour un phénomène qui m’attriste : la nouvelle génération a peur de passer à côté de sa vie en procréant. Pire encore, elle a peur de perdre sa liberté. Pourquoi s’infliger une telle corvée alors ?
Tout simplement parce qu’ils ont tellement de choses à nous apprendre. Jusqu’à environ 2 ans, un enfant à la capacité de s’émerveiller toutes les 2 à 3 minutes. A l’inverse, un adulte ne le fait plus qu’en moyenne une à deux fois… par an ! Les enfants ont cette capacité à vivre le moment présent quand nous passons 90 % de notre temps à ressasser le passé et à anticiper l’avenir. Quand vous avez l’impression que votre journée est régie par la loi de Murphy, un enfant, rigolera de voir votre café se renverser, il sera heureux de sortir son parapluie pour braver la pluie, et face à une situation stressante, il aura encore la capacité de trouver un jeu à faire. Alors, please, à celles et ceux qui se disent que la vie est bien plus facile, plus drôle et plus belle sans enfants, à celles et ceux qui voudraient encore “profiter”, permettez-moi juste de vous dire ceci : oui, la vie peut être encore plus belle plus drôle et plus simple, même avec des enfants !